Le milieu de terrain brésilien Douglas Luiz s’est exprimé sur la personnalité controversée mais fascinante de son coéquipier Emiliano “Dibu” Martinez, le gardien emblématique d’Aston Villa et de l’équipe d’Argentine. Dans une interview accordée à The Guardian, le joueur brésilien a révélé ce qui distingue vraiment Martinez des autres gardiens du monde du football : sa capacité à jouer sur la psychologie de ses adversaires.
« On ne voit ce comportement provocateur qu’en match. À l’entraînement, il est calme. Il provoque ses adversaires les jours de match. C’est sa stratégie : leur créer des problèmes. Il arrive vraiment à les déstabiliser. Comme on dit au club, c’est l’une de ses spécialités. Il en profite. Mais avec nous, il est très calme », a déclaré Douglas Luiz. Ces propos offrent un aperçu rare du contraste entre le Martinez compétiteur féroce sur le terrain et le Martinez discret et amical dans le vestiaire. Ce double visage, souvent incompris par le grand public, est en réalité au cœur du succès du gardien argentin, qui s’est forgé une réputation mondiale pour sa maîtrise de la pression et de la provocation dans les moments décisifs.
Depuis plusieurs saisons, Emiliano Martinez s’est imposé comme l’un des gardiens les plus redoutés lors des séances de penalty. Que ce soit en Premier League, en Coupe du Monde ou dans les compétitions européennes, son approche psychologique du jeu fait souvent la différence. Lors de la Coupe du Monde 2022, ses provocations face aux tireurs français lors de la séance de tirs au but ont marqué les esprits. Des gestes, des mots, des mimiques – tout chez lui est calculé pour sortir l’adversaire de sa concentration. Cette capacité à influencer les émotions de l’autre est devenue une véritable signature.
Douglas Luiz, qui côtoie le gardien au quotidien, explique que ce comportement n’a rien de spontané ni d’irrespectueux. Il s’agit au contraire d’une tactique mentale sophistiquée, élaborée pour donner à son équipe un avantage psychologique : « Il ne fait pas ça pour se moquer. Il veut juste perturber les adversaires, leur faire douter de leurs choix. C’est une façon de gagner du temps, de prendre le dessus mentalement. Et ça marche. » À Aston Villa, les coéquipiers de Martinez ont fini par comprendre et accepter son attitude. Certains, comme John McGinn ou Ollie Watkins, admettent même qu’ils puisent de la confiance dans cette énergie. Lorsque Martinez provoque un attaquant, c’est toute l’équipe qui sent la tension basculer.
Ses statistiques parlent d’elles-mêmes : depuis son arrivée à Aston Villa, l’Argentin a arrêté près de 30 % des penalties tirés contre lui, un chiffre impressionnant à ce niveau. Mais au-delà des arrêts, c’est sa présence qui pèse. Beaucoup de tireurs avouent ensuite qu’ils ont ressenti la pression de son regard, de ses gestes, ou simplement de sa réputation.Pour Douglas Luiz, l’image de “provocateur” de Martinez est loin de refléter la réalité de l’homme au quotidien. En dehors des matchs, le gardien est décrit comme posé, réfléchi et profondément attaché à son équipe.
« À l’entraînement, il est calme, concentré, toujours prêt à aider les jeunes. Il parle beaucoup avec nous, plaisante souvent, et met une très bonne ambiance. Ce n’est pas du tout le même homme que celui qu’on voit pendant un match », confie Luiz. Cette dualité est sans doute la clé de son équilibre. Martinez sait parfaitement quand activer son “mode compétition”, une transformation presque instinctive dès qu’il entre sur le terrain. Son calme naturel devient alors une arme psychologique redoutable : il lit les émotions des autres, anticipe leurs réactions, et sème subtilement le doute.
Le cas Martinez divise le monde du football. Certains voient en lui un provocateur excessif, d’autres un génie psychologique. Mais pour ceux qui le côtoient, comme Douglas Luiz, il incarne simplement la passion pure du sport. L’Argentin ne cherche pas à plaire ni à se conformer. Il joue pour gagner, et tout ce qu’il fait sur le terrain vise cet objectif. Dans un football parfois aseptisé, sa personnalité tranche, rappelant les grandes figures du passé — ces gardiens capables de dominer autant par leur présence que par leurs arrêts.
Depuis son sacre mondial avec l’Argentine, Martinez assume pleinement ce rôle de “showman” contrôlé. Il sait qu’il polarise, mais il s’en nourrit. Ses adversaires le détestent souvent, ses supporters l’adorent — et lui, il avance, fidèle à lui-même. « Il est différent, et c’est pour ça qu’il est si fort », résume Douglas Luiz. Avec son tempérament de feu et sa rigueur glaciale, Emiliano Martinez est devenu bien plus qu’un gardien de but : il est une arme mentale, un stratège, un symbole. Et si ses provocations agacent certains, elles continuent surtout à faire gagner son équipe.
